« Des moyens inédits pour la sécurité »
Que retenez-vous des émeutes du début de l’été ?
Deux faits marquants : d’abord, une organisation via les réseaux sociaux a permis aux émeutiers de se mobiliser, avec la capacité de communiquer, de sortir et de se rassembler avec le sentiment d’échapper à toute autorité. Il y a des problématiques familiales à prendre en compte, notamment sur l’accompagnement des familles qui ont parfois pu se sentir démunies, face aux réflexes de leurs enfants d’aller participer au pillage de magasins plutôt que de rester chez eux. Il y a eu un effet de masse, d’émulation, avec aussi – et c’est inquiétant – la manipulation menée par des gens extérieurs au cadre familial. Certains n’étaient pas présents dans ces émeutes, mais coordonnaient d’une certaine façon ces exactions sur les réseaux sociaux.
Il y a aussi une forme de colère qui s’est exprimée. On ne peut la nier. L’analyse ne va pas se faire en quelques jours, mais nous devons comprendre le ressort de l’exaspération qui, au-delà du prétexte initial, lié au décès du jeune Nahël à Nanterre, a conduit à ce qu’il y ait ces mouvements massifs de violence, encore plus qu’en 2005. Et, surtout, qui ont conduit très rapidement à basculer sur une forme d’exutoire général où des groupes allaient piller les magasins, en considérant pour certains que ce n’était même pas du vol ! L’analyse de ce phénomène mettra du temps avant d’en comprendre le mécanisme et de pouvoir y apporter des réponses dans le cadre de notre CLSPD (Conseil Local de Sécurité et de la Prévention de la Délinquance). L’idée est de prévenir la délinquance, mais aussi les mécanismes qui conduisent à ce type de situation.
Avez-vous constaté un sursaut citoyen, après plusieurs nuits agitées sur Bondy ?
Après le temps de la sidération de la part des Bondynois, pour la plupart choqués de ce qui se passait, les habitants ont semblé démunis face à la situation. En 2005, lors des premières émeutes, les associations de terrain qui sillonnaient les quartiers pour inciter les jeunes à se calmer et de ne pas en découdre avec la police n’ont, cette fois, eu peu d’écho. Cette fois, c’était impossible, avec des contre-feux partout.
La sécurité reste un point sensible, quel est votre credo justement pour juguler la délinquance ?
Depuis trois ans, on a mis des moyens inédits jusque-là. Avec la conviction qu’il fallait accompagner la police nationale, avec une véritable force de police municipale, armée, présente sept jours sur sept, y compris sur le début de soirée, jusqu’à deux heures du matin. Nous poursuivons dans cette direction, avec une brigade motorisée, une brigade cynophile et le déploiement du CSU (Centre de Supervision Urbain). Seulement, ce n’est pas parce qu’on met en place ces moyens que la délinquance va immédiatement s’évaporer, puis disparaître. Et que tout va aller mieux. Il y a des phénomènes de délinquance durs, notamment sur les points de deal, qui sont du ressort de la police nationale et du judiciaire et qui, pour certains, existent depuis des décennies. Nous pouvons, avec l’appui de la police municipale, accompagner dans le décryptage des mécanismes, l’identification des acteurs, avec des moyens d’investigation qui pourront aider les forces de l’ordre. Mais ce n’est pas à nous de nous substituer à la justice et traduire devant les tribunaux les délinquants dans le cadre du trafic de stupéfiants.
Notre rôle est de garantir la tranquillité publique et nous le faisons d’autant plus avec les moyens que nous avons aujourd’hui à disposition, ne serait-ce que pour lutter contre les incivilités du quotidien, celles qui pourrit la vie des habitants. Notre police municipale est réactive, se déplace rapidement dès qu’elle est appelée, puis verbalise le cas échéant. Le but est aussi que cette police municipale soit présente sur les marchés, pour proposer une action récurrente et qui commence à porter ses fruits, notamment sur la problématique des « biffins » sur le marché Suzanne Buisson, des vendeurs à la sauvette où il y a des saisies quotidiennes, à la gare de Bondy. Notre persévérance et notre détermination permettront, petit à petit, de résorber les points durs qui continuent à exister. On sait que la situation n’est pas encore satisfaisante dans un certain nombre de quartiers mais, grâce à cette action permanente, nous obtenons des résultats concrets et ils doivent se poursuivre.
Un mot sur le CSU ?
Ce centre va devenir les « yeux » de la police municipale. Cet équipement existait par le passé, du côté de la gare. Depuis l’installation de la police municipale en 2021 au sein des nouveaux locaux, on a maintenant le déploiement de ce nouveau Centre de Surveillance Urbain qui va être opérationnel dans les prochains jours. La Ville se dote de matériel moderne, permettant de mieux suivre ce qui se passe un peu partout et pouvoir, grâce aux vidéo-opérateurs derrière les images, orienter l’action des brigades, de jour comme de nuit. L’objectif n’est pas uniquement la réquisition d’images a posteriori, quand la police nationale nous le demande. C’est aussi d’avoir la capacité d’une surveillance en temps réel. Et de pouvoir, en cas de suspicions d’évènements délictueux, surveiller un lieu précis, pour que la brigade puisse de suite intervenir dès le début des troubles, sans attendre que l’infraction se produise. On va aussi utiliser la vidéo-verbalisation, afin de fluidifier la circulation et lutter contre les incivilités routières. Nous allons continuer à monter en puissance, en maillant d’avantage le réseau de vidéosurveillance.
Y a-t-il aussi de la place pour la prévention ?
Il faut les deux et toujours marcher sur ses deux jambes ! La question de la médiation est entamée, mais elle n’a pas encore totalement pris son essor à Bondy, dans le cadre du CLSPDR. Aujourd’hui, nous n’avons pas assez avancé sur cette question-là. La première année du diagnostic en cours d’achèvement du CLSPDR va permettre d’alimenter notre réflexion. On va s’y employer dès 2024.
Quel est l’intérêt de créer une nouvelle Maison Frances Services ?
Pour rappel, la première phase de mon mandat était de répondre en priorité aux problèmes identifiés par les Bondynois : la police municipale, la propreté, la semaine de quatre jours pour les élèves…
Nous avons relevé le défi sur l’éducation, la sécurité, tout en sachant bien que notre mission ne s’arrêtait pas là. Pour la seconde phase du mandat (2022-2024), nous nous nous sommes tournés vers le sport, la culture et la famille. Nous avons lancé les assises du sport pour établir un diagnostic pour élaborer un plan d’actions. C’est ce qui a conduit à la création de l’école municipale des sports. Pour la culture, la période Covid a été un frein : nous ne pouvions pas définir un plan adéquat, pour profiter d’une programmation satisfaisante. On est en train de rattraper le temps perdu, avec la culture qui va se déployer sur les maisons de quartier et avec le retour des Muséades et des Musicades, sous un autre format, dans le cadre des universités populaires. Notre souhait est de démocratiser davantage l’accès à la culture, tout en gardant une programmation qui reste la plus attractive possible. Nous avons noué des liens avec la Maison du jonglage, qui va s’installer à Bondy à partir de 2025.
Ce que nous avons esquissé pour la dernière partie du mandat (2024-2026), sur les deux dernières années, c’est le redéploiement des politiques familiales et sociales. La politique locale doit y être renforcée. Aujourd’hui, elle est saupoudrée dans différents services de la Ville, avec le DRE (Dispositif de Réussite Éducative), la Maison des Parents, les maisons de quartier et leurs animations sociales, sans oublier le lien avec la vie associative. Nous travaillons à redonner de la cohérence à ces missions. Notre objectif est de considérer que le service public de proximité, mais aussi le service public que l’État délivre dans les Maisons France Services, doit aussi s’intégrer dans les maisons de quartier. Notre volonté est de demander la labellisation « Maison France Services » pour toutes nos maisons de quartier.
On avait déjà une Maison France Services sur le quartier Nord, on est en train de voir si on peut juxtaposer cette structure à la maison de quartier Balavoine. On a une Maison France Services qui va intégrer la maison de quartier Brassens, tout en y associant une annexe à celle de Sohane. On aura trois structures avec ce label dans différents quartiers de la Ville, tout en redonnant leurs lettres de noblesse à nos maisons de quartier pour qu’elles délivrent un véritable service public. Pour qu’elles soient le premier point d’attache des Bondynois avec le service public de la Ville et de l’État. Tout ceci pour favoriser une fréquentation plus fluide, avec plus d’affluence et des missions davantage connues. Du coup, les actions familiales, associatives, celles autour de la parentalité, dédiées aux jeunes et à leur réussite seront mieux perçues par l’ensemble de la population. Nous voulons en faire profiter le plus grand nombre.
Comment faire face aux critiques concernant la facturation du périscolaire ?
La facturation, c’est vraiment le caillou dans la chaussure des familles aujourd’hui. Depuis la cyberattaque et la remise en place de la facturation périscolaire, nous n’avons pas résorbé tous les problèmes. Nous devons parvenir à une résolution. Pourquoi ne pas l’avoir fait avant ? Au départ, nous devions reprendre toute la facturation, avec un travail colossal de ressaisie des données.
Dans le même temps, nous avons choisi un autre applicatif pour les inscriptions et les suivis périscolaires, permettant de faciliter les démarches et moderniser l’outil. C’était essentiel pour les équipes en place. Nous avons décidé de nous lancer dans cette voie au printemps 2022 pour être, au moment des inscriptions un an plus tard au printemps 2023, tout à fait prêts pour les inscriptions. Maintenant, nous expérimentons le pointage numérique. Ce pointage permettra de limiter les erreurs, puisque la saisie sera désormais effectuée dans les centres de loisirs. Dans un second temps, la facturation va pouvoir se faire pour les activités périscolaires au mois le mois. Reste le reliquat des arriérés de factures pour les parents, que nous allons traiter en 2024 une fois pour toutes.
Vous comprenez le désarroi de certaines familles qui découvrent des factures aux montants parfois exorbitants ?
Nous les comprenons d’autant plus aisément, du fait de cette situation insatisfaisante. La moindre facture envoyée jusqu’à présent était la plupart du temps erronée et nécessitait des contrôles a posteriori. Tout était compliqué. Ce que nous allons proposer aux familles qui continuent à recevoir les factures antérieures, c’est de se donner pour objectif d’être en capacité d’avoir ressaisi l’intégralité de l’antériorité de ces sommes. Jusqu’à présent, nous étions dans une situation où l’on ressaisissait mois par mois. Rien n’était clair. Dorénavant, nous saurons d’emblée indiquer aux familles ce qu’elles doivent encore à la collectivité sur l’ensemble des factures en retard.
Cela va nous permettre de travailler avec les familles pour établir un échelonnement, de façon à ce qu’elles puissent avoir une vision complète, corriger les éventuelles erreurs et, surtout, de pouvoir proposer, en fonction du reliquat, famille par famille, un échéancier sur plusieurs mois, selon les moyens de chacune. Le but est de les accompagner au mieux, en fonction de ce qu’il reste à payer. Par contre, il est impossible de dire : on fait une remise gracieuse, on efface la dette. Le service a été rendu et c’est un principe comptable, que le préfet nous a confirmé : on ne peut pas s’asseoir sur une prestation dont les recettes ne seraient pas collectées. Le manque à gagner est trop conséquent pour une ville comme Bondy.
Quel bilan tirez-vous concernant la propreté dans la Ville ?
Il y toujours des critiques, certains considérant que la Ville n’est pas assez propre… Pour autant, dès 2020, nous avons mis les moyens, en embauchant des arpenteurs qui viennent en complément de l’action menée par Est Ensemble. Dans son marché d’ordures ménagères, le territoire a récemment complété ses prestations, pour organiser de la collecte supplémentaire concernant les dépôts sauvages et les encombrants, avec une mise en application dès ce début octobre. Notre objectif est de toujours faire mieux, d’aller vers une amélioration continue sur les questions de propreté. Un sujet nous tient à cœur dans les mois qui viennent, celui de faire respecter l’espace public afin que les containers et bennes à ordures ne restent pas en permanence dans les rues. Ils n’ont pas à se trouver en extérieur si cela ne correspond pas à un jour de collecte. Nous en appelons au civisme de chacun : les commerçants, les bailleurs, les particuliers, les copropriétés… pour que les poubelles soient sorties en temps et en heure. C’est un cheval de bataille que l’on mène d’ores et déjà.
Nous allons également continuer à lutter contre les dépôts sauvages. La vidéo-verbalisation, avec l’arrivée du CSU, va nous permettre de visualiser et de déployer, grâce à l’aide de caméras mobiles, des points particuliers où nous pourrons intervenir.
Est Ensemble met en application, à partir de ce mois-ci, son nouveau marché d’enlèvement des ordures ménagères. Ce sont des avancées très favorables, comme le traitement étendu des déchets verts, la collecte des déchets alimentaires prochainement et celle des encombrants de façon hebdomadaire, tous les lundis, sans que les habitants aient besoin de se poser de questions en fonction des secteurs. Cela va simplifier la vie des Bondynois.
Nous allons poursuivre notre travail de contrôle, de respect de l’espace public et de la propreté sur la voirie. Nous allons aussi œuvrer pour une meilleure gestion des corbeilles de rue, pour mieux déployer leur nombre. Certains secteurs ont des doublons, d’autres en manquent, on souhaite une meilleure répartition. Nous poursuivons les efforts, en améliorant le cadre de vie des habitants.
Les enfants dans les écoles sont de futurs citoyens, ne faut-il pas les sensibiliser à ce sujet ?
Il existe déjà un travail pédagogique mené par certaines associations locales qui interviennent directement dans les classes. Il faut les poursuivre majoritairement. Le prétexte de la nouvelle collecte des déchets sert en ce sens. En compagnie d’Est Ensemble, notre souhait est de renforcer également l’accompagnement obligatoire sur le tri sélectif en sortie de cantine. Les axes de réflexion avec nos écoles sont multiples, justement pour favoriser les gestes citoyens dès le plus jeune âge.
Comment s’est passée la rentrée scolaire ?
Elle s’est bien déroulée dans l’ensemble. Nous avons réalisé, au cours de l’été, des travaux dans certaines écoles, celles où il y avait des besoins urgents, parfois demandés depuis de nombreuses années par les équipes pédagogiques ou par les responsables de parents d’élèves. Nous avons des travaux plus lourds qui s’annoncent sur certaines écoles, notamment la poursuite du chantier Claudel jusqu’à sa résolution, la maternelle Jean Zay dont les travaux d’isolation thermique et de rénovation vont débuter cet automne et se prolongeront durant deux ans. Ce sont des enjeux importants, mais la rentrée s’est bien passée. J’ai pu le constater en personne, en me rendant dans tous les établissements scolaires de la Ville tout au long du mois de septembre.
Vous avez lancé des permanences délocalisées, quel en est l’intérêt ?
Le but, c’est de pouvoir toucher des Bondynois qui n’ont pas forcément une facilité à se déplacer jusqu’en mairie ou jusqu’à un centre administratif. Nous les rencontrons ainsi près de chez eux pour parler de leurs préoccupations. L’idée est d’ajouter aux permanences, que je tiens déjà en mairie chaque semaine, un rendez-vous un vendredi après-midi par mois, en allant à la rencontre des Bondynois. Nous allons continuer aussi avec le stand des élus tous les mois sur un des marchés de la ville. L’idée est de multiplier les points de rencontre, formels ou informels, pour être toujours plus à l’écoute des habitants et ce, dans tous les quartiers de la Ville.
Tous les élus portent les projets pour développer et aménager la ville et les services publics. Mais il y a aussi les problèmes du quotidien de chacun, des préoccupations immédiates des habitants. S’enfermer dans sa mairie, de ce point de vue-là, ça ne répond pas aux attentes des Bondynois et ce n’est pas ma vision de la politique locale. Les élus doivent prendre le pouls de la population, pour être à l’écoute afin d’apporter des réponses concrètes aux soucis. Les Bondynois ont aussi des solutions aux problèmes qu’on cherche à résoudre. Humblement, nous ne sommes jamais omniscients. Chacun de nous est expert de son quotidien et de son quartier. Souvent, les Bondynois nous éclairent.
À quelques mois des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, comment Bondy peut-elle actrice de cet événement majeur ?
On sera à plusieurs titres au cœur de l’évènement. Déjà, nous sommes « Terre de Jeux » et, à ce titre, on organise régulièrement depuis des années des journées olympiques ou paralympiques. On lance l’an prochain les Olympiades culturelles. Bondy sera aussi centre de préparation pour les Jeux Paralympiques, concernant le cécifoot (football adapté aux non-voyants), avec un chantier prochainement lancé. J’espère que nous aurons une équipe internationale qui viendra s’entraîner sur notre futur terrain. Bondy sera visible sur la carte de ces JO. Surtout qu’en juillet 2024, la flamme passera par notre Ville avant de rejoindre le Stade de France.
Quel est l’intérêt de la toute nouvelle École municipale des sports ?
Celui d’avoir les moyens de pouvoir proposer une initiation et une découverte des pratiques sportives à un plus large public possible en faveur de nos enfants. Pour les plus grands, les structures associatives et scolaires en collèges, dans les lycées ou dans les clubs prennent le relais. L’EMS sera opérationnelle en deux temps : le premier, en proposant des activités sur les temps des petites vacances et du mercredi. Pour la rentrée scolaire 2024, dans un second temps, le but sera de proposer aussi les initiations sportives, cette fois sur le temps scolaire. La volonté est de proposer un large éventail de disciplines sportives, pour que les enfants découvrent d’autres sports que le foot. Il y a aussi le souhait de faire de la prévention contre l’obésité et d’orienter les enfants vers du sport-santé dès le plus jeune âge. L’activité physique dans chaque école sera ainsi maximisée, également pour ceux qui passent du temps dans les centres de loisirs. C’est une offre renouvelée que la Ville souhaite mettre en œuvre.
Vous souhaitez prendre rendez-vous avec Monsieur le Maire ? Il vous reçoit lors de ses permanences délocalisées !
Vendredi 27 octobre, de 14h à 17h
Maison de Quartier Balavoine, 18 avenue Léon Blum
Vendredi 24 novembre, de 14h à 17h
Maison de Quartier Sohane, 162 Route de Villemomble
Vendredi 22 décembre, de 14h à 17h
Maison de Quartier Balavoine, 18 avenue Léon Blum