Elena Cosma, des lumières dans la nuit

Elena, son mari et leurs trois enfants ont vécu 20 mois dans le bidonville de Bondy, au bord du canal de l’Ourcq. L’intervention de la Ville a permis autant que possible d’y adoucir la vie de deux cents familles. Elle ne l’oubliera pas.

Une chambre d’hôtel à l’Ibis budget dans une zone industrielle de Stains. En ce mois  de  novembre, Elena Cosma, ses trois enfants Darius, Ana et Betty, et son compagnon Adrian prennent leur mal en patience dans quelques mètres carrés. Bien sûr la famille y est au chaud, à l’abri de la boue et des rats dans un bâtiment doté de toutes les commodités. Mais il est interdit d’y cuisiner et on se cogne vite aux murs. Et puis il y a ce sentiment d’isolement qui leur était inconnu un mois avant le 2 octobre. La Préfecture de Seine-Saint- Denis a procédé au démantèlement du bidonville , qui s’était installé sur la Zac des Rives de l’Ourcq en 2018. Elena y avait rejoint quelques 200 autres familles.

« La vie était très difficile mais il y avait de l’entraide qui adoucissait un peu notre quotidien », explique Elena d’une voix vive et dans une qualité de français à faire pâlir un traducteur. Tous ces mois dans des cabanes en planches lui ont même laissé de bons souvenirs. « Jamais une Ville ne nous a traité aussi bien que Bondy quand nous lui avons demandé de nous aider à améliorer la vie dans le camp », précise-t-elle. Pour la Municipalité, il était impensable de laisser les gens dans un tel dénuement, en plein hiver. «Des tonnes de débris ont été déblayés, des bacs à ordures, des sanitaires et des extincteurs ont été installés, et nous avons été raccordés au réseau d’eau potable », rappelle Elena. Une convention, signée entre la Ville de Bondy, Paris et Est Ensemble, a permis un partage des frais.

Des cabanes en planches

Son excellent français a rapidemant fait d’Elena une porte-parole écoutée dans sa communauté par les autorités administratives et les associations de solidarité très actives dans le bidonville. « Acina, le Secours catholique, Médecins du monde, les Restos du cœur et l’Aset 93, ont été formidables », confirme-t-elle. Pôle emploi et la Mission locale de Bondy sont d’autres acteurs engagés dans les parcours d’insertion mis en place pour un certain nombre d’habitants. Elena est de ceux-là.

Rêve d’un avenir meilleur

Est-ce enfin une éclaircie durable après onze années ballotées de bidonvilles en hébergements d’urgence ? Elena avait quitté le sud-est de la Roumanie en 2008.

« Les conditions de vie étaient terribles là-bas, sans travail ni argent pour se faire soigner ou réparer notre maison. Je suis venue en France pour aider mes parents malades et offrir un avenir meilleur à mes enfants. » Deux autres sont restés en Roumanie. Elena ne sait ni lire ni écrire, mais ce handicap n’est qu’apparent et son itinéraire témoigne de sa force de résilience. « Je reçois une petite allocation qui est insuffisante mais surtout, je veux travailler davantage pour subvenir à nos besoins et ne plus dépendre de la générosité des autres. » L’association Les Enfants du canal s’attelle désormais à lui trouver un logement. Elena et Adrian se persuadent que des lumières se sont enfin allumées dans la nuit des Cosma.

*Zone d’aménagement concerté

1989 : naissance à Feteşti, en Roumanie

2008 : quitte la Roumanie pour la France

février 2018 : arrivée dans le bidonville de Bondy

décembre 2018 : formation FLE alphabétisation

octobre 2019 : démantèlement du bidonville

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