Toujours croire en ses rêves, c’est ce que nous inspire le parcours d’Ilhame Guechati. Dès le plus jeune âge, elle rêvait dedevenir pilote. Elle dessinait des BD sur l’aviation, des avions Bugatti, des rafales, des mirages 2000… Elle était fascinée par Jacqueline Auriol, la 1re femme pilote d’essai en France. Elle a eu la chance de la rencontrer lors d’une sortie au Bourget organisée quand elle était à l’école du Mainguy ! Avec le temps, ce rêve d’enfant s’est affirmé. « On me conseillait de trouver un plan B mais je ne me voyais pas faire autre chose que voler », confie-t-elle. Elle prend l’avion, comme passagère, pour la première fois à 16 ans. Une expérience « juste extraordinaire » qui n’a fait que confirmer ce qu’elle pensait, « c’est la plus belle création de l’homme ». Elle se trouve de nouveaux modèles féminins qui la tirent vers le haut : Valérie André, médecin et pilote, et Catherine Maunoury, championne de voltige aérienne.
Au service de la Nation
Pour féliciter leur fille, après l’obtention de son Bac S, au lycée Jean Renoir, ses parents lui offrent un baptême de l’air. Elle réussit en plus ses tests d’entrée au Centre d’instruction naval de la Marine nationale à Toulon et quitte Bondy à 18 ans. « Je voulais suivre la voie la plus complète, dépasser le mur du son. Et ça, l’aviation civile ne le permet pas », explique-t-elle. « Je ne regrette pas l’armée. Quand on a des capacités, je pense que c’est une belle chose de les mettre au service de la Nation. » Elle devient opératrice-navigatrice, c’est-à- dire membre d’une flottille au sein du groupe aérien embarqué qui orchestre les actes depuis le porte-avions CDG. À 19 ans, elle effectue sa première opération extérieure dans le cadre de l’intervention militaire de 2011 en Libye. A-t-elle eu peur ? « Non, c’est ma mère qui portait cette peur pour nous deux. » Elle tente plutôt de suivre les conseils de son père, « être courageuse et bienveillante ».
Imposer la paix
Durant ses années dans l’armée, elle a connu le meilleur comme le pire. Côté positif, elle a fêté ses 20 ans à bord du porte-avions CDG en pleine mer, elle a fait un métier qui forge le caractère et le mental. Côté négatif, certains ont voulu lui faire comprendre qu’elle n’était pas à sa place car elle est une femme, car elle est issue de la Seine-Saint-Denis, de l’immigration et de la classe ouvrière. Ses origines et son identité ne l’ont pas empêchée d’avancer, de passer de la Marine nationale à l’Armée de Terre, d’être major de promo au vol de combat, d’être brevetée pilote d’hélicoptères militaire, d’être nommée Officier communication et relations publiques en Etat-Major de l’EALAT, bien au contraire ! En 2018, elle quitte l’armée. Membre des anciens combattants, elle souhaite désormais « agir pour la condition des femmes, l’acceptation de la diversité et imposer la paix comme on sait imposer la guerre ». Elle est aussi marraine d’une mission de l’Unesco visant à favoriser l’accès à l’art et à la culture de la paix auprès des enfants.
Bondy dans le cœur
Le vent la porte vers une carrière d’instructrice pour former les pilotes de compagnies aériennes civiles qui opèrent sur des avions de chez Boeing et Airbus. Son expérience, au sein de l’école nationale de L’aviation civile, la comble humainement et professionnellement. Elle revient plusieurs fois par mois sur sa terre de cœur à Bondy pour voir sa famille et ses amis. D’autant qu’elle souhaite s’investir en tant que citoyenne dans des projets municipaux.
2010 : 18 ans
2011 : première manœuvre extérieure
2015 : pilote d’hélicoptères de combat manœuvre et assaut
2019 : instructrice à l’école nationale de l’aviation civile