Égal à lui-même, abordable, blagueur, humaniste, Mohamed Hamidi a conquis le public de Malraux lors de l’avant-première de Jusqu’ici tout va bien, le 24 février. Il aurait été impensable que le réalisateur bondynois zappe la présentation dans sa ville de son troisième long métrage. Bondy et l’artiste c’est comme la Marne et la Seine, l’une est l’affluent de l’autre. Affluent et influent. À 46 ans le metteur en scène, scénariste et cinéaste, cofondateur du Bondy Blog, directeur artistique du Marrakech du rire, ami de Jamel Debbouze et corédacteur des textes de Kad Merad à la cérémonie 2019 des Césars, se fond dans le décor plus facilement qu’un caméléon sur un plaid écossais. Depuis quelques années Mohamed Hamidi intervient en fils prodige avec la soif de convaincre ses auditoires que la réussite peut s’affranchir du déterminisme social. « Je veux montrer par mon itinéraire que les jeunes ne doivent rien s’interdire et surtout pas de faire des études », assure-t-il. C’est le côté pédago-moralo-grand-frérot de cet ex prof en lycée pro qu’il fut dans une vie antérieure et parfaitement assumée. « Ce que je suis, je le dois 50% à l’école et le reste à mon éducation, aux associations et aux structures municipales où j’ai beaucoup appris, aux rencontres, à la curiosité ».
Ne rien s’interdire
Petit dernier d’une fratrie de neuf enfants, il a amené récemment les siens devant la cité Blanqui où il a grandi. École élémentaire Jules Ferry, collège Henri-Sellier, lycée Jean Renoir, IUT et Fac d’éco-gestion à Saint-Denis, animateur au centre social Jacques Prévert avec la maman de Kylian Mbappé, militant associatif, moins hors sol que lui il n’y avait pas à l’époque ! Avec une Agrégation d’économie bûchée par correspondance, l’enseignement aurait pu être sa voie royale. Il y eut aussi l’aventure du Bondy Blog. « Après les émeutes urbaines de 2005, j’avais été présenté au journaliste Serge Michel qui cherchait des volontaires pour écrire sur la banlieue. Notre idée était de donner un moyen d’expression aux jeunes ». Mais son pied a toujours été de raconter des histoires. « Ma rencontre en 2008 avec Jamel a été un révélateur ».
Jusqu’ici tout va plus que bien
Au fil des collaborations avec le comédien, Mohamed Hamidi s’est taillé une réputation flatteuse dans le milieu artistique de la comédie, au point de lui ouvrir les portes du 7e art. Un premier film en 2013 Né quelque part, projeté au festival de Cannes. Puis La vache en 2016 avec son million et demi d’entrées et trois trophées au festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez. « Le cinéma concentre tout ce que j’aime : l’écriture, la narration, la musique, la communication, la gestion humaine, l’économie. » Sa nouvelle réalisation ne déparera pas. Jusqu’ici tout va bien a reçu tout schuss le prix du public au mois de janvier à l’Alpe d’Huez.
1967 : arrivée de ses parents à Bondy
1990 : baccalauréat et permis de conduire
2005 : révoltes urbaines et création du Bondy Blog
2013 : premier film Né quelque part
2019 : sortie de son film Jusqu’ici tout va bien