Cinq ans que Patricia Trottemant déploie son humanité à la Croix-Rouge de Bondy. Mais avant d’en devenir une bénévole assidue elle bénéficia elle-même de ses actions de solidarité.
Un aller-retour avec la Banque Alimentaire à Gennevilliers, le Citroën Jumper rempli d’une demi-tonne de produits de première nécessité, une distribution à assurer l’après-midi, une deuxième à préparer le lendemain, anticiper la prochaine collecte alimentaire… Patricia Trottemant ne voit pas le temps passer quand elle œuvre pour l’unité Bondy-Villemomble de la Croix-Rouge. Elle en redemanderait presque. Bénévole montée sur ressorts, « Patou » se confond avec les murs de l’association. En cinq ans elle n’y a jamais négocié sa présence. Comme la cinquantaine d’autres bénévoles, elle est l’un des maillons qui donnent corps et âme à la vénérable institution ancrée dans le secours et la solidarité.
De bénéficiaire à bénévole
Elle a poussé la porte en fer de l’unité locale, rue Dunant, un jour de 2015, mais en tant que bénéficiaire et après avoir longtemps hésité. « J’étais au chômage et au bout du rouleau, alors je me suis résolue à venir mais j’avais honte », se rappelle-t-elle. « On m’a tendu la main et ça m’a empêché de sombrer. » Quelques distributions plus tard, Patricia, toujours sans emploi et aussi démunie, proposait ses services. « M’engager avec la Croix-Rouge était ma façon de la remercier de m’avoir remis d’aplomb. » Depuis elle n’a jamais décroché. Notre bondynoise à l’éternel sourire vissé participe à mille tâches : aide alimentaire, vestiaire, maraudes, quêtes… « J’organise les distributions et les collectes alimentaires et je suis aussi chargée de l’approvisionnement, mais tout ça reste un travail d’équipe », précise-t-elle. Ses expériences professionnelles antérieures – marchande de jeans sur les marchés, secrétaire de bureau, hôtesse d’accueil, surveillante au lycée Renoir… – ont permis à cette fan d’informatique de s’adapter très vite à ses nouvelles attributions.
Une affaire de famille
La Croix-Rouge est son équilibre. « Mes missions me forcent à sortir de chez moi, à m’apprêter, à me maquiller. Je rencontre des gens, je me sens utile aux autres. » Pour avoir connu l’autre côté de la barrière elle se met aisément dans leur tête. « La générosité n’est pas une question d’argent. Je suis à peine moins pauvre que nos bénéficiaires. L’important c’est de donner de soi, sans rien attendre en retour », assure-t-elle. La lassitude ? Connaît pas. « La coupure de l’été a été trop longue pour moi et j’étais impatiente de reprendre. » Elle s’y attendait, la crise économique dopée par la Covid a démultiplié le nombre d’inscrits à la Croix-Rouge. « À partir de juin nous sommes passés d’une distribution tous les quinze jours à deux par semaine. » Elle donne tout à l’association, sauf son mercredi qu’elle consacre à Inaya, sa petite-fille de 6 ans. C’est le deuxième bonheur de sa vie. Le premier c’est Jennifer, sa fille. Une grande complicité lie le trio qui habite le même quartier Blanqui. Patricia depuis 22 ans. Avant le confinement, Inaya déambulait régulièrement dans les locaux. Et pour cause, sa maman y est bénévole depuis un an. Patricia n’est pas étrangère à son recrutement. On l’aurait deviné.
1980 : 1er emploi à 18 ans
1988 : naissance de sa fille le 12 janvier
1998 : emménagement dans la tour Blanqui
2014 : naissance de sa petite-fille le 27 juillet
2015 : arrivée à la Croix-Rouge comme bénéficiaire