Sana Henni sous toutes les coutures

Modéliste en prêt-à-porter féminin, Sana propose des ateliers de couture au centre socioculturel Sohane. Ambassadrice du « do it youself », ses trois maîtres-mots sont : mode, modernité et créativité.

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Sana a toujours voulu travailler dans la mode. Petite, elle confectionnait déjà les habits pour ses poupées Barbie. Pour récupérer des chutes de tissu, elle n’hésitait pas à pousser les portes de la boutique de couture en bas de chez elle. La machine à coudre était son Saint Graal, l’objet qu’elle pouvait contempler à sa guise chez sa grand-mère et sa tante. Sa première tenue cousue main, elle l’a confectionnée pour son épreuve facultative arts et danse au baccalauréat. Sa tignasse lui inspire un sujet insolite, « nous étions deux danseuses à la coupe afro, nos cheveux ont été le fil conducteur de notre prestation » se souvient-elle. De fil en aiguille, elle a fini par réaliser des tenues tressées avec du tissu ! « Je ne savais pas encore coudre mais j’avais déjà envie de m’y mettre. » Diplômée, elle se lance dans une prépa scientifique et une licence de chimie. Prête à en découdre avec la couture, elle s’inscrit également à des cours particuliers dans une association durant 3 mois avant de suivre enfin une formation de modéliste en prêt à porter féminin en 2015. « C’est une formation intensive, j’ai pu faire un stage à la Redoute, en haute couture et en confection de robe de mariée en Italie. »
Ce métier lui va à merveille. Son bagage scientifique lui permet d’aborder sereinement la partie technique, « le travail de prise de mesure, de vérification de la concordance des pièces et du dossier technique », comme la partie créative, « le travail avec la matière, les couleurs, les formes… ». Elle décroche son premier emploi de modéliste à Paris en février 2017 et fait chaque jour l’aller-retour depuis Lille pour vivre de sa passion. « J’ai été mécanicienne en confection de robes de mariée chez Elsa Gary. Je proposais aux clientes du sur-mesure à partir des collections de la marque. » Le 2 avril dernier, date réjouissante de son anniversaire, elle déménage à Bondy.
Sana ne veut pas être cataloguée comme professionnelle en robes de mariée, elle refuse donc le renouvellement de son contrat. « J’ai réussi à me lancer sans passer par des écoles payantes et grâce au coup de pouce d’une association. Je veux donc rendre la pareille, monter ma propre association, montrer que la couture tendance et à la portée de tous. » Accompagnée dans ses démarches par la Mission locale de Bondy, elle rencontre Aurélia Toupiolle, la directrice du centre socioculturel Sohane en vue d’animer en 2018 un atelier DIY (Do It Youself).
Après une journée test sur « la conception de tops en tissu africain wax », le résultat est plus que concluant. « Sana modernise l’image de la couture. Elle a attiré de nouveaux publics vers le centre qui s’ouvre davantage aux associations », se réjouit Aurélia. À travers ces ateliers, Sana espère transmettre aux jeunes des pratiques plus vertueuses comme « customiser leurs habits pour moins jeter et moins acheter » ou encore « mieux choisir ses marques car les plus chères n’offrent pas les meilleures matières ». Elle garde la tête sur les épaules. Avant de lancer sa propre ligne et de repartir à l’étranger, elle se formera cette année chez Kooples et Mazarine.

2 avril 1993 : naissance
2011 : baccalauréat scientifique
2015 : diplômée d’une formation de modéliste en prêt-à-porter
2 avril 2017 : arrive à Bondy
Février 2017 : mécanicienne chez Elsa Gary, confection de robe de mariée
Janvier 2018 : animatrice d’ateliers au centre socioculturel Sohane

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