Thomas B. Reverdy, talents complémentaires

Professeur de français au lycée Jean Renoir depuis 20 ans, Thomas B. Reverdy a une deuxième vie, celle d’un écrivain dont le dernier roman a décroché le prix Interallié.

Comment naît une vocation d’écrivain ? Doucement, au fil du temps et des envies. Pour Thomas B. Reverdy, elle vient de l’adolescence, quand il a commencé à rédiger des poèmes et des nouvelles, jusqu’à publier une revue à la fac qu’il a même réussi à placer dans les rayons des librairies.

« Puis j’ai participé à des concours de nouvelles, encouragé par des écrivains comme Eric Holder ou Alain Spiess, pour en arriver à mon premier manuscrit. »

À force d’arpenter les librairies, il va se créer un réseau et se faire aider à transformer ce manuscrit en un premier roman structuré, et à le publier. La montée des eaux sort en 2003, dix ans après un événement qui va contribuer à forger définitivement sa vocation.

« J’ai perdu ma mère à 18 ans. En passant par la fiction, la littérature m’a permis de trouver le moyen de raconter cette détresse et cette terrible absence. Car les mots ordinaires ne sont d’aucun secours quand vous êtes dévasté par le chagrin. »

Ses trois premiers romans lui permettront de l’aider à faire son deuil, avant qu’il ne s’autorise à partir dans d’autres directions, au gré de ses voyages. Tout en gardant les pieds sur terre dans son fief bondynois, le lycée Jean Renoir où il enseigne le français depuis l’an 2000.

Deux professions

« Après mes études, j’ai passé mon stage ici et j’ai trouvé une équipe sympathique avec une forte envie de réussir. Depuis, je n’ai jamais éprouvé le désir de changer d’établissement. »

Même si ce parisien de naissance habite toujours la capitale, il lutte contre les clichés dont est souvent victime la banlieue.

« En 20 ans à Bondy, je n’ai pas eu le moindre problème. Au contraire, je ne cesse d’avoir des moments très agréables avec mes élèves. C’est une idée folle de considérer que des jeunes de 16 ans sont différents selon l’endroit d’où ils viennent. »

Le fait d’avoir deux professions permet à Thomas de ne pas se mettre de pression à chaque sortie d’un nouveau livre.

« Cela me donne une liberté de mouvement et une certaine sécurité que je n’aurai pas en étant seulement auteur. La vie de ma famille ne dépend pas des ventes de mon prochain bouquin. »

L’écrivain arrive à aménager son temps, en prenant quelques dispositions.

« L’année prochaine, je suis arrivé à négocier un mi-temps annualisé. Je me consacrerai à l’enseignement jusqu’en janvier, et à l’écriture le reste de l’année scolaire. C’est l’idéal quand on a deux vies ! »

Prix Interallié

Sorti l’année dernière, le dernier roman de Thomas B. Reverdy, L’hiver du mécontentement, a terminé dans le dernier carré du prestigieux prix Goncourt, avant de décrocher le non moins prestigieux prix Interallié. À l’image de ses derniers ouvrages, Thomas B. Reverdy s’inscrit de nouveau dans un contexte historique réel, celui des grandes grèves qui ont secoué la Grande-Bretagne à la fin des années 70, amenant l’arrivée de Margaret Thatcher au pouvoir, pour raconter l’histoire de Candice, jeune coursière à vélo et apprentie comédienne.

1995 : co-création de La femelle du requin, revue littéraire

2000 : professeur agrégé de français au lycée Jean Renoir

2003 : premier roman, La montée des eaux

2005 : Dans Le lycée de nos rêves, coécrit avec Cyril Delhay, il raconte son expérience de professeur

2010 : son 4e roman, L’envers du monde, obtient le prix François Mauriac

2018 : L’hiver du mécontentement, finaliste du prix Goncourt, décroche le prix Interallié

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